Histoire forestière de l'Abitibi-Témiscamingue

  • 1989-2000
    L'important... c'est l'approvisionnement

 
Les années 1990Le prix des copeaux est trop élevé (150 $/tonne). Les papetières, reines du Québec, ne s’en laissent pas imposer par une « gang » de scieurs indépendants. Pour les papetières, il est temps de contrôler, à nouveau, le marché des copeaux. Elles ont peur de manquer de copeaux, alors que le marché du papier journal atteint le faramineux prix de 1 000 $/tonne et, surtout, dans le but de contrôler la matière première à faible coût, les papetières achètent bon nombre de scieries en région. Les années 1990, c’est la décennie où les grosses corporations s’installent à leur aise dans le décor témiscabitibien.

En 1990, Maibec rachète les parts d’Howard-Bienvenu dans l’entreprise. Puis, Paul Bienvenu se retire complètement du marché du bois de sciage lorsqu'il vend son usine de La Sarre à Tembec et son usine de Parent à Kruger .

1991 : L’usine de J. E. Therrien d’Amos, appartenant à Normick Perron, est fermée. L’approvisionnement de son aire commune (surnommée la commune) est divisé en quatre parties : 26 % à Scierie Landrienne, 26 % à Coopérative de la rivière Davy (via scierie Gallichan à Launay), 26 % à Matériaux Blanchet et 22 % à Tembec (scierie Taschereau).

1991 : Tembec fonde Temlam à Ville-Marie et ouvre Temcell 2.

En 1994, l’entreprise Normick Perron est officiellement dissoute, et les usines passent sous le nom de Norbord, une filiale de Foresterie Noranda.

En 1995, la forêt d’enseignement et de recherche du lac Duparquet (FERLD) est créée. Avec une superficie de 8 000 hectares elle est la plus grande au Québec et est gérée par l’Université du Québec en Abitbi-Témiscamingue (UQAT) et de Montréal (UQAM), en collaboration avec Tembec et Nexfor (Norbord) de La Sarre. La FERLD obtient la certification FSC en 2011.

1995-1996 : Norbord et Précibois s’associent et créent Optibois.

En 1996, à la suite des difficultés financières, notamment l'endettement dans un moulin à scie de peuplier faux-tremble de Scierie Amos, Kruger récupère ses investissements et met la main sur Scierie Amos et Scierie Gallichan, à Launay. À ce moment, Kruger possède 20 % des parts dans Scierie Landrienne.

1996 : L’entreprise Matériaux Blanchet fait l’acquisition de l’entreprise Léo Lafond, détenteur d’un CAAF dans Rouyn-Noranda.

Au début des années 1990, l’industrie du bois de sciage est en effervescence! Audio (Paul Bienvenu)La production est élevée, et les ventes vont bon train sur le marché américain. Les scieurs indépendants vendent leurs copeaux et leur bois. Ceux-ci en ont profité pour réinvestir leurs profits dans leurs usines, devenant alors plus performantes et concurrentielles.  Quant à elles, les papetières font des opérations intégrées. En fin de compte, elles ont acheté les scieries pour avoir des copeaux à moindre coût, engrangeant les profits, mais gardant leurs usines de sciage déficitaires tout en évitant d’y investir de l’argent. Elles exploitent la forêt, produisent du bois de sciage et récupèrent leurs copeaux.

L’arrivée de ces grosses entreprises, combinée à une accélération des coupes de bois et à une diminution des superficies des forêts, engendre de nombreux conflits sporadiques avec les nations autochtones. Celles-ci désirent être impliquées dans les processus forestiers.

En 1999, une veine pamphlétaire vient secouer le monde de la foresterie. Bien que l’information diffusée dans L’Erreur boréale (Desjardins et Monderie) ne soit pas toujours exacte, le film a le mérite de soulever un questionnement dans la population. À la suite du soulèvement populaire, le gouvernement crée la commission Coulombe; les forestières coupent trop de bois et trop vite!